Entretien avec Dominique Mayor, hôtelier à S-charl

Entretien avec Dominique Mayor, hôtelier à S-charl
Une montée raide mène du lit du ruisseau à la petite route allant à S-charl, bordée d’impressionnantes bandes d’éboulis. Ces masses sont emportées vers l’aval par les pics dolomitiques friables. Après chaque forte précipitation, il faut à nouveau dégager la route. Comment vit-on toute l'année dans un village qui est régulièrement isolé du monde extérieur?
Vivez-vous toute l’année à S-charl?
Oui, et j’ai grandi ici. Enfant déjà, j’ai appris à vivre avec les intempéries et les fermetures de routes. Lorsque les conditions météorologiques étaient vraiment mauvaises, il m’arrivait de ne pas aller à l’école. Et s’il arrivait que nous soyons tout de même surpris par le temps et que je ne puisse plus rentrer chez moi après l’école, je passais la nuit chez un camarade de classe.
Comment la route est-elle surveillée?
C’est l’état-major de crise de la commune de Scuol qui décide de la fermeture ou non de la route. Nous avons un système d’alerte précoce, avec déclenchement automatique d’une barrière. Tous les jours, j’effectue des mesures pour MétéoSuisse. La météo est particulière ici, elle diffère de celle de Scuol ou du Val Müstair.
Combien de fois par an le village de S-charl est-il coupé du monde?
Une ou deux fois au printemps, à cause des avalanches, et trois ou quatre fois en été selon les intempéries.

Combien de temps faut-il jusqu’à ce que la route soit rouverte?
La plupart du temps, la route est dégagée après une demi-journée. En 2017, nous sommes toutefois restés isolés pendant dix jours, dont trois sans électricité. La clientèle avait alors dû être évacuée par les airs.
Avez-vous quelquefois peur de vivre ici?
Je n’ai pas peur, mais j’ai du respect pour la nature! La puissance qu’elle peut déployer est impressionnante.
Possédez-vous des réserves de vivres et d’équipements?
Nous avons des réserves pour une semaine: non seulement de la nourriture, mais aussi des réchauds à gaz et des bougies. En cas d’isolement prolongé, on nous livrerait des vivres par pont aérien. Je possède aussi un groupe électrogène de secours que j’allume une heure par jour afin que les clientes et clients puissent recharger leur portable. Lorsqu’elles et ils sont coincés ici, leur plus grande crainte est pour beaucoup que la batterie de leur téléphone mobile se vide.
Que conseillez-vous aux touristes?
Lorsque la route est fermée, il est important de suivre les consignes des autorités et de prendre patience. Souvent, les gens sont dépassés parce qu’ils ne s’imaginent pas à quel point la situation peut changer rapidement. En une heure, tout peut être chamboulé, et la plupart des gens ne se rendent pas compte de la force de la nature.

Dégâts dus aux intempéries dans le Val S-charl
Cette randonnée mène dans un univers marqué par la force de l’eau et des éboulis qui traversent le Val S-charl. On y voit les conséquences des intempéries et des fortes précipitations.
Après les dernières maisons de Scuol et Vulpera, le paysage devient très sauvage.
Dans le lit profondément encaissé du ruisseau, le bruit de l’eau domine. D’énormes blocs de pierre, des troncs d’arbres coincés et des berges affouillées témoignent des masses d’eau qui grondent ici en cas d’intempéries. Depuis le sentier étroit, sécurisé ici et là par des chaînes, on ressent de près la force de cet élément. Une montée raide mène du lit du ruisseau à la petite route allant à S-charl, bordée d’impressionnantes bandes d’éboulis. Ces masses sont emportées vers l’aval par les pics dolomitiques friables. Après chaque forte précipitation, il faut à nouveau dégager la route. Près de Pradatsch, l’itinéraire quitte la route et emprunte un petit chemin qui traverse une étonnante forêt de montagne riche en mousses. Le dernier tronçon de la route en gravier passe devant le musée de la mine et de l’ours Schmelzra, qui présente l’extraction du plomb et de l’argent dans la vallée et fait penser à l’ours brun Lumpaz, qui a parcouru la région en 2005.
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